Quand je serai grande, je serai…

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours aimé écrire.
Et j’ai toujours écris d’ailleurs.
À l’époque, mon père avait une machine à écrire que je m’étais accaparée.
Elle était super lourde. Je lui avais trouvé une place de choix sur mon bureau en bois.
Au lieu de jouer à la secrétaire comme toutes petites filles formatées par notre société patriarcale qui se respectent ; je jouais à la romancière.
À Jessica Fletcher dans Arabesque.
C’est par ce genre de référence que je réalise ô combien je suis vieille !!!


J’enroulais une feuille de papier A4 autour du cylindre, et une fois correctement placée à la ligne je faisais semblant de me craquer les doigts.
Puis je me mettais à taper sur la machine comme une forcenée.
Je tapais, je tapais… De plus en plus fort comme si ma vie en dépendait. Comme si j’étais possédée par le démon de l’inspiration.
Parfois je frappais tellement vite que les tiges finissaient par se bloquer. Je devais alors les démêler avec mes doigts qui terminaient toujours tâchés d’encre.


Je m’étais créé un rôle.
Je m’imaginais complètement stressée, stylo au bec en guise de clope subissant la pression de mon éditrice.
Elle attendait mon roman pour avant-hier déjà.
Alors j’inventais des héroïnes prises dans des aventures rocambolesques, des morts tragiques, des histoires qui finissent mal, des amours impossibles, des amitiés mise à rude épreuve…
Je voulais écrire des bouquins semblables à ceux qui me fascinaient : Mystère au chocolat, Tiens toi droite, E=MC²,mon amour
Je corrigeais les fautes avec du blanco et réécrivais par dessus avec un stylo Bic noir. Pas très pro tout ça mais avec mes yeux d’enfants je voyais mon roman s’épaissir et grandir, grandir jusqu’au prix Pulitzer.
La plupart du temps je n’achevais pas mes histoires et malgré tout j’en entamais de nouvelles.

Aujourd’hui rien a foncièrement changé.
Que ce soit dans l’écriture ou dans n’importe quel autre domaine, je regarde admirative ceux qui vont au bout de leur projet.
J’envie ceux qui arrivent à rester focus sur un seul objectif et à le finaliser pour passer au prochain.
À tous ceux qui connaissent et appliquent le process « Début / Milieu / Fin » ; je leur dis :
« Whaou ! Bravo ! Félicitation ! Mazal tov » !

Derrière tous les romans que je dévore se cache un.e écrivain.e à qui j’ai envie de crier :

« Mais putain donne moi ton secret bordel de merde !!! Vas y fais croquer wesh !!! »


Bon peut-être pas dans ces termes, mais le cœur y sera.
Oui ; je suis colère.
Colère contre moi et tous ces petits romans inachevés.
Toutes ces nouvelles abandonnées qui ne connaîtront jamais la fin de leur histoire.
Pauvres petits orphelins oubliés dans une boîte…
Débuts d’histoires gribouillées à l’arrière d’un ticket de caisse, teaser écrit à la hâte sur un post-it, idée de dialogue avortée dans les notes du téléphone.
Toutes et tous me regardent d’un œil réprobateur et suppliant.
Il est sûrement un peu tard aujourd’hui pour que je reprenne l’écriture de l’histoire de Midge. Jeune collégienne de 11 ans partie en vacance chez sa grand-mère et qui tombe sous le charme de Bryan la mini star bourrue de son patelin ?


En revanche je peux vous raconter la vie de Clay, Lauren, Patrick et de tous les héros trash de Bret Easton Ellis.
Mais si vous préférez on peut partir plutôt sur du Virginie Despentes ? Bien évidemment, on mettra de côté le dernier tome de Vernon Subutex qui à mon sens aurait dû rester à l’état de brouillon mais cela n’engage que moi.
Ça vous dit ?
À défaut d’être Jessica Fletcher, je peux tout à fait me reconvertir en critique littéraire.
Bien sûr si vraiment vous insistez ; je pourrais aussi vous partager à l’occasion un ou deux chapitres d’une de mes nombreuses nouvelles sans fin !

Lunettes Gigi Barcelona
Boucles d’oreilles
Salomé Charly
Pull H&M
Pantalon Monki

Entretien avec ma Frida

Inenvisageable de s’arrêter à Mexico sans passer prendre le thé avec Frida.
Frida, ma douce Frida…

Frida et sa maison bleue.
Frida et ses couronnes de fleurs.
Frida et sa jambe malade.
Frida et ses autoportraits.
Frida et son art.
Frida et son Diego pas beau.
Frida est tellement plus que ça…

C’est le cœur battant que je rentre chez elle, aussi excitée qu’une fan de Violetta en séance de dédicace.
Tout chez elle respire l’art. La délicatesse et la créativité.
Si seulement elle pouvait m’en donner.
Juste un peu.
Rien qu’un peu.
Allez Frida, fais pas ta radine!
Frida la révolutionnaire.
Frida la rebelle.

Et si je me frottais aux murs? Son fantôme qui a l’air de roder encore dans les parages prendrait-il possession de mon corps?
Et si je me roulais dans son lit? Celui qu’elle a l’air d’avoir quitté très tôt ce matin; serai-je imprégnée de sa fragilité exacerbée?
Et si je levais les yeux vers le miroir dans lequel elle s’est si longtemps perdue? Arriverai-je à percer le secret de son renouvellement permanent?

Je ne sais pas si ce sont vraiment de bonnes idées…
A part me faire virer par le garde moustachu secoué par des renvois sonores (sûrement la cause d’abus de tacos saupoudrés de sauce salsa), je ne vais rien récolter d’intéressant!
Ce même vigile qui me surveille du coin de l’œil pas vraiment discret comme si j’allais chipper un tableau et le cacher sous ma robe.
Alors je baisse les yeux comme si j’étais coupable et continues ma percée dans l’antre de mon idole.

Entretien avec FridaEntretien avec FridaEntretien avec FridaEntretien avec FridaEntretien avec Frida

Frida et sa cuisine jaune.
Frida et son atelier.
Frida et son jardin luxuriant.
Frida et sa vie chaotique.
Frida et ses blessures.
Frida et son Mexique.
Frida parle moi.
Qu’essayes tu de me dire?
Comment faire pour se renouveler sans cesse? Pour produire des choses toujours différentes et passionnantes? Comment s’y prendre pour ne jamais lasser sans se lasser?
Allez; dis moi quel est ton secret Frida? Comment innover? Evoluer? Epater? Confédérer?

Mais tout est là finalement.
Inutile de chercher des réponses qui n’existent pas. Ce fameux processus de création…
Tout est là. Juste là. Devant moi. Il l’a toujours été.
Aujourd’hui c’est toi Frida.
Ma Frida.
Mon inspiration.
Une vie difficile d’où tu as puisé ta force. Jamais tu ne t’es posée en victime.
Des rencontres intellectuelles. Des trahisons fraternelles. Un amour dont toi seule en a établi les règles.
Je sens encore ton odeur.
L’odeur de ces fleurs fraîchement coupées, posées sur ta tête pleine.
Pleine de doutes, de poils, de tristesse, d’espoir, de détresse, d’abnégation, de vide et de vie.

Malheureusement l’heure du thé touche déjà à sa fin.
Merci ma Frida de t’être livrée à moi.
Regonflée à bloc, je détiens la clef. Reboostée pour griffonner encore et encore, sans culpabiliser qu’un jour peut-être je n’aurai plus d’idées.

Entretien avec FridaEntretien avec FridaEntretien avec FridaEntretien avec FridaEntretien avec FridaEntretien avec Frida

Lunettes Polette
Robe Zara
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Sac à dos Bershka
Chaussures Converse

Ce post a été rédigé dans la cadre de l’Atelier des Jolies Plumes, un atelier d’écriture entre bloggueurs et bloggueuses amoureux des mots, qui se retrouvent chaque mois autour d’un thème.
Ce mois ci, le thème est: Votre personnage, réel ou fictif, va créer, est en train de créer ou a déjà créé auparavant. Quelle est sa démarche ? Quelles sont ses difficultés ? Comment crée-t-il ? S’isole-t-il ? Rencontre-t-il des gens ? Comment nourrit-il son inspiration ? Comment fait-il face aux doutes, aux manques, aux difficultés?
Si vous avez envie de rejoindre l’Atelier des Jolies Plumes, envoyez un mail à : latelierdesjoliesplumes@gmail.com.
Sinon, vous pouvez suivre toutes les actualités et lire les textes des participants en suivant le compte Twitter @lesjoliesplumes ou le compte Facebook.

Dark side

Déjà 3h du mat’.
Ce genre de discussions qui ne servent à rien et qui ne débouchent sur rien.
Un stylo dans la main tenu comme une arme.
Comme un couteau menaçant.
Je l’observais se débattre avec ses pensées. Un réel combat intérieur.
Piégé, il se demandait sans doute quel mensonge il allait pouvoir inventer pour se sortir d’affaire.
Je le regardais me regarder.
Vide mais agité.
Je n’avais qu’une envie à présent lui planter ce stylo dans la cuisse.
Une cuisse si ronde et en bonne santé.
Peut-être qu’elle serait plus bavarde?
Peut-être allais-je retirer quelque chose de cette cuisse qui m’appelait et qui ne demandait qu’à s’exprimer…

Entre l’amour et la haine il n’y a qu’un pas.
Entre la douceur et la violence il n’y a qu’un geste.
Tellement cliché; mais tout l’est tellement dans cette relation. Toute cette histoire, cette situation, cet homme qui trompe et qui ment. Cet homme qui nie!
A quel moment avais-je franchi la limite?
Quand il m’a regardé droit dans les yeux et que j’y ai lu ses mensonges?

Limpide.
Clairvoyante j’étais devenue.
Ses taches de rousseurs que j’aimais tant il y a peu sont devenues toutes clignotantes et me montraient le chemin le plus court pour atteindre sa cuisse.
Si je plante au bon endroit, en haut? Je peux tomber directement sur l’artère fémorale non? Là il se viderait de tout son sang n’est-ce pas?
Une fois mort, je n’aurai plus qu’à le découper en morceaux, les mettre dans des sacs et jeter le tout à la mer pas vrai?

Quand je regarde Dexter cela m’a l’air tellement simple…
Dans les faits je crains que ça ne soit plus compliqué!
Parce que concrètement le sang qui gicle et qui tâche mon tout nouveau canapé « AM.PM » durement acquis, non merci!

Désosser un poulet fermier me prend 1h, trois couteaux et toute ma patience. Alors un bestiau de 1m80, 85kg pimpé au Nesquik et à la Junk Food???
Ensuite, je n’ai pas eu le temps d’aller faire les courses aujourd’hui et je n’aurai pas suffisamment de sacs poubelle. Je sais pas… mes sacs de congélation 1L feront-ils l’affaire?
J’ajoute que j’habite au 5ème étage d’un immeuble sans ascenseur, sans compter que je n’ai pas de voiture mais un skate que je ne maîtrise pas vraiment pour aller jusqu’aux bords de Seine.
Ah j’hésite-j’hésite; ça me paraît bien risqué…

Il me regarde toujours.
Interrogatif cette fois.
A t-il deviné que je réfléchissais à l’éliminer?
S’il pouvait lire en moi, nul doute qu’il se mettrait à table et qu’il avouerait enfin comment ce string de mauvais goût s’était retrouvé dans la pile de linge sale.
Je regardais toujours sa cuisse.
Sa cuisse imberbe et obèse.
Sa cuisse nourrit à la créatine et aux heures de muscu addictives.
Hypnotisante.

– Bébé j’te jure c’est celui à ma soeur!

Décidément, il me prend vraiment pour une conne.
Déjà on dit « celui de ma soeur » et en plus il n’a pas de soeur!
A partir de combien de meurtres au compteur sommes nous considérés comme des serial killers?
A trois je le plante, ensuite, j’aviserai.

– Bébé j’te jure y a que toi!

Un. Deux…

SAMSUNG CSC Dark side Dark side

Chapeau Vintage
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Ce post a été rédigé dans la cadre de l’Atelier des Jolies Plumes, un atelier d’écriture entre bloggueurs et bloggueuses amoureux des mots, qui se retrouvent chaque mois autour d’un thème.
Ce mois ci, le thème est: « Une histoire d’amour ». Le début, la fin, le milieu, l’entier, dans l’ordre, le désordre, l’avant, l’après. Cette histoire peut être magique, tragique, héroïque, fantastique, surréaliste, ancrée, légère, difficile, passée, présente, future…
Si vous avez envie de rejoindre l’Atelier des Jolies Plumes, envoyez un mail à : latelierdesjoliesplumes@gmail.com.
Sinon, vous pouvez suivre toutes les actualités et lire les textes des participants en suivant le compte Twitter @lesjoliesplumes ou le compte Facebook.